Depuis sa première élection en 2013, notre bureau de conseil municipal socialiste indépendant a utilisé une approche de lutte de classe et de construction de mouvement pour remporter un certain nombre de victoires historiques pour les travailleurs et travailleuses de Seattle. Il s’agit notamment de faire de Seattle la première grande ville américaine à avoir un salaire minimum de 15 dollars de l’heure, ce que nous avons gagné en lançant le mouvement 15Now quelques jours après notre première entrée en fonction en 2014. En nous organisant aux côtés des locataires et des membres des syndicats de base, nous avons remporté des victoires monumentales pour les droits des locataires, et nous avons lancé une campagne revigorée pour le contrôle des loyers, forçant les démocrates du Conseil à discuter de notre proposition de loi lors de la prochaine réunion du comité des droits des locataires le 30 novembre.
L’année dernière, grâce au soutien sans précédent des travailleurs et travailleuses et du mouvement de protestation de George Floyd, nous avons mené le mouvement Tax Amazon à la victoire, en obtenant la taxe Amazon pour financer des logements abordables et des projets du Green New Deal en taxant 3% des plus grandes et plus riches entreprises. Ces victoires ne se sont pas limitées à Seattle, mais ont eu un effet national et international. Il n’est pas surprenant que nous ayons fait l’objet d’une opposition farouche de la part de l’establishment politique de Seattle, dirigé par le parti démocrate, des super-riches et des entreprises, qui souhaitent le maintien du statu quo en matière d’inégalités et d’une classe ouvrière passive.
Notre expérience à Seattle a montré que sous la pression des manifestations de masse telles que Black Lives Matter, de nombreux politiciens sont contraints de se montrer progressistes et de dire de bonnes choses sur la lutte contre le système injuste et la classe des milliardaires. Mais ils trahiront inévitablement les travailleurs et travailleuses et les communautés opprimées tant que les représentants élus refuseront de se baser sur les organisations de la classe ouvrière par opposition aux partis politiques de l’establishment. Pour obtenir des gains significatifs pour les travailleurs et travailleuses, il faut les arracher des mains des patrons et surmonter l’opposition ouverte et discrète de l’élite politique qui défend les intérêts des patrons. Cela ne peut être fait par des manœuvres parlementaires.
La seule stratégie consiste à ce que les socialistes et les autres représentants et représentantes de la classe ouvrière utilisent leur position pour construire des mouvements de lutte et se placent sans complexe du côté des travailleurs et travailleuses, y compris en ne prenant que le salaire moyen du travailleur comme je le fais.
Cette analyse n’est pas propre à Seattle ou aux États-Unis. Le capitalisme est un système mondial d’exploitation de la majorité - la classe ouvrière et les pauvres. Ce n’est qu’en luttant pour un monde socialiste libéré de la pauvreté, de la destruction du climat et de la guerre que l’on pourra atténuer ces phénomènes. Cela signifie que nous avons besoin de plus de campagnes socialistes pour construire notre lutte dans les rues, les campus et les lieux de travail à travers le monde entier, en particulier en Amérique du Nord. C’est pourquoi je suis fière d’appuyer Rosalie Bélanger-Rioux pour le poste de conseillère d’arrondissement de la ville de Montréal (quartier Desmarchais-Crawford de Verdun).
Kshama Sawant, Membre du conseil municipal de Seattle, États-Unis